S02E10 - 50 nuances de gris

Aujourd'hui, lundi 17 janvier, est officiellement le jour le plus déprimant de l'année. Temps gris, jours courts, bonnes résolutions déjà envolées, reprise du travail... voici les âpres ingrédients du Blue Monday.

Comment contrer la déprime saisonnière ? Manger 10 kg d'oranges ? Mater toute la filmographie de Louis de Funès ? Acheter tout et n'importe quoi ?

A la Galette, on conseille une (très) vieille recette : "chialer un bon coup". Ou catharsis, en grec ancien. Pour lâcher prise : un peu de calme, une pièce à soi et une chanson triste. 

Sans plus attendre, voici une sélection de titres consolateurs. 

Une Galette à la Une - "I Am A Bird Now" de Antony and the Johnsons

Candy Darling, icône transgenre de la Factory, sur son lit de mort : la photo choisie pour illustrer I Am A Bird Now dit (presque) tout de ce projet. Triste, intime, gracieux, récit d'une transition.

Avant d'aller plus loin : qui est Antony and The Johnsons ? Groupe fondé en 1998 et dissous en 2015, leur second album, I Am A Bird Now, sorti en 2005, rencontre un succès public et critique, notamment en décrochant le Mercury Prize, sorte d'équivalent anglais et musical du Prix Goncourt (les boomers en moins). 

Mais Antony and The Johnsons, c'est d'abord une voix, celle d'Anohni : androgyne, forte, fragile, une voix vibrante, sur le fil, torrent d'émotions au service de textes personnels que la poésie porte vers l'universel.

Ce disque en clair-obscur raconte ce qu'on imagine être le parcours de l'artiste, entre solitude (Hope There's Somenone), questionnements autour du genre (My Lady Story) et espoir (For Today I Am A Boy).

L'écrin musical est résolument acoustique - piano, violon, cuivres (très présents sur le magnifique et terrible Fistful Of Love) - et les invités prestigieux : Lou Reed, Boy George, Rufus Wainwright, Devendra Banhart. Intime et sophistiqué.

Enfin, au-delà de la noirceur de certains titres, ce disque, triste et beau, est tourné vers la lumière, le récit positif d'une éclosion. Bird Guhl, la piste qui clôt le disque se termine d'ailleurs par ces mots : "I am a bird girl and bird girls can fly".

Morceaux choisis : Fistful Of Love, My Lady Story, Hope There's Someone, You Are My Sister, Bird Guhl 

(Presque) Tout beau tout neuf - "Cry" de Cigarettes After Sex 

Cigarettes After Sex : un pseudonyme évocateur sur lequel le futur auditeur projette des images gentiment sulfureuses. La dream pop du groupe texan n'est pas prude mais elle lorgne davantage du côté du coeur. Dans le cas présent, Cry est une chanson dans laquelle le chanteur prédit - avec douceur - la fin inéluctable d'une histoire d'amour : "My heart just can be faithful for long, I swear I'll only make you cry"

Dans le rétro - "Winter kills" de Yazoo

Découverte récemment dans la bande origine de l'excellente mini-série Halston, cette balade new wave de 1982 n'égaillera pas vos soirées d'hiver. Très loin du tube sautillant Don't Go, Winter Kills montre une facette plus dépouillée du talent d'autrice-compositrice et de chanteuse d'Alison Moyet.

Discothèque personnelle - "Blue Monday" de New Order

Les précédents morceaux ont pu faire exploser votre taux de cortisol. Pour terminer cette sélection sur une note un peu plus positive, on accélère le tempo avec un titre de circonstance ! Blue Monday, sorti en 1983,  emprunte au rock, au disco et à l'électro : un mélange détonnant !

Bonus : pour celles et ceux qui auraient besoin d'un coup de pouce supplémentaire, voici le mashup de Blue Monday avec le cultissime Can't Get You Out Of My Head de Kylie Minogue.

Vous retrouverez les titres présentés dans cet article sur Deezer et Spotify. Have a listen !

On se revoit dans 15 jours pour l'épisode suivant !